samedi 27 septembre 2008

Résoudre la "crise" : la notion de "capitalisme régulé" a-t-elle un sens ?

Soyons clair, soyons bref : la série de discours des dirigeants politiques et économiques sur un capitalisme "régulé" opposé à un capitalisme "sauvage" ou "fou" n'a pas vraiment de sens, et se fonde soit sur de la mauvaise foi, soit sur une ignorance de ce qu'est le capitalisme.

Si on lit des grands théoriciens de l'économie, qu'il s'agisse d'Adam Smith, auteur de la Richesse des Nations au 18ème siècle ou de Marx, ils seront d'accord pour soutenir que, par nature, le capitalisme est sauvage ou plutôt, que l'expression n'a aucun sens, puisque le capitalisme régulé n'existe pas. Adam Smith écrit par exemple:

adam_smith2"Nous nous reposons en toute sûreté sur la liberté du commerce, sans que le gouvernement s'en mêle en aucune façon (...). La quantité de chaque marchandise que l'industrie humaine peut produire ou acheter dans un pays s'y règle naturellement sur la demande effective qui s'en fait" (Livre IV, ch. 1).

On trouve ici la fameuse "théorie de la main invisible" selon laquelle la recherche des intérêts particuliers profite "naturellement" ou mécaniquement, tout seul quoi, à l'intérêt général. En bref, il y a l'idée que le capitalisme refuse toute intervention de l'Etat. Le texte précédent insiste sur la "liberté du commerce", c'est-à-dire l'idée que l'économie de marché ne doit être soumise à aucune règle et intervention d'un "gouvernement" ou Etat, comme le réclame Nicolas Sarkozy. Ou encore, Jean-Marc Sylvestre, éternel journaliste économique libéral, qui s'est mis à parler de "morale".

C'est que, comme l'explique Marx lui-même, le capitalisme a ses propres règles ou plutôt, ses propresmarx2 mécanismes. Quand Nicolas Sarkozy parle de "déviation des mécanismes de l'économie de marché", il a bien tort! Les mécanismes fonctionnent et ont fonctionné comme ils devaient le faire. L'idée c'est simplement que le capitaliste (ou celui qui possède les moyens de production: l'usine, le produit fini, etc.) cherche à dégager une plus-value en vendant son produit plus cher qu'il ne lui coûte et notamment, que ne lui coûte la force de travail des ouvriers ou salariés ou employés. En bref, le système capitaliste est fondé sur des lois économiques qui n'ont rien à voir avec la justice. Le salaire minimum, par exemple, n'a pas à être fixé sur un minimum vital que réclament ces salauds de pauvres. Le salaire minimum est simplement fonction de la loi de l'offre et de la demande, comme le rappelle Adam Smith dans le texte précédent.

D'ailleurs, ces "injustices sociales" n'ont pas dérangé les dirigeants tant que leurs intérêts n'étaient pas touchés. Aujourd'hui, un François Fillon nous parle de "solidarité nationale", de "se serrer les coudes", parce que les gars qui s'en mettaient plein les fouilles grâce à ce système risquent aujourd'hui la ruine. Mais tant que ces 2 % de gars profitaient de 80 % des richesses, ça les dérangeait pas. Tant que le système ne nuisait qu' à ses salauds de pauvres, c'était normal. La crise actuelle n'est pas une déviation du système, c'est une conséquence logique. Simplement, elle ne plaît plus, elle semble "anormale", parce qu'elle nuit à ceux qui, jusque là croyaient le système bon, dans la mesure où ils en profitaient.

Ce qu'on voit, c'est que, depuis le début, le système est mauvais.