lundi 15 août 2011

Garantie soleil: et pourquoi pas une assurance pour quand on a raté sa vie, pendant qu'on y est ?

A l’heure du bilan météorologique plutôt très catastrophique de cet été, on voit fleurir les articles et reportages sur le thème : « que faire de ses vacances à Quimper quand il pleut ? » D’abord, il fallait pas aller à Quimper. Ensuite, on n’a qu’à prendre un bouquin. Surtout, on apprend que depuis 2009, il existe notamment chez Pierre & Vacances une assurance contre le mauvais temps ou « garantie soleil » : si vous avez moins de 3 jours de beau temps en une semaine, on vous rembourse.


Pourquoi pas une assurance pour quand on a raté sa vie, aussi ? Genre : « garantie belle vie, l’assurance d’une vie réussie ».

Alors, vous me direz : qu’est-ce que réussir sa vie ? Ça dépend des goûts. Mais le temps aussi, ça dépend des goûts : si y a eu un nuage, un moment, ça compte ? Et puis, la pluie, c’est le beau temps des agriculteurs qui doivent sans doute avoir contracté des assurances contre la sécheresse ou « garantie pluie ». Certains supposent même que la baisse du nombre de tués sur les routes en juillet 2011 est due à la pluie qui renforce la vigilance des conducteurs. Donc, en un sens, la pluie est elle-même l’assurance vie des automobilistes.

Surtout, on s’étonne sur cette tendance à vouloir s’assurer de tout. À la limite, on peut assurer les gens contre des catastrophes naturelles. Quand la satisfaction des besoins les plus élémentaires est en jeu : perdre sa maison, ses moyens de subsistance, etc. Quand c’est une question de vie ou de mort, quoi ! Mais s’assurer contre le mauvais temps ou les « caprices du Ciel » ? C’est un caprice de touriste. D’abord, au même moment, des millions de personnes sont menacées par la famine en Afrique. Et nous, on contracte des assurances contre le « mauvais temps » ? Mauvais, parce qu’on ne va pas pouvoir aller à la plage et qu’on va s’ennuyer. Voilà : on veut une assurance contre l’ennui.

Cette assurance « beau temps », c’est le signe de notre volonté et de notre incapacité à tout maîtriser. Il y a bien longtemps que les hommes tentent de comprendre et de maîtriser les phénomènes de la nature. Par des forces divines, d’abord, qu’on croit pouvoir influencer par des prières, des offrandes, voire, des sacrifices. Depuis Descartes et les progrès de la science, les hommes ont tendance à se croire « comme maîtres et possesseurs de la nature ». Ils croient d’abord que l’ensemble de la nature est à leur service : la montagne pour faire du ski, la mer pour le bateau et les œufs de poule pour les gâteaux. Ensuite, comme ils pensent effectivement que la nature a été faite pour eux – par un Dieu ? – ils ne comprennent pas et n’admettent pas qu’elle peut leur nuire ou plutôt, que le cours naturel des choses peut se développer sans en avoir rien à carrer de ce qu’en pensent les hommes. Malgré Copernic et Darwin, on voudrait rester le centre du monde et on ne supporte plus le naturel de la nature. Le temps, le climat et toutes autres choses nous dépassent. On ne veut pas le croire et on « s’assurent » contre le mauvais temps. C’est la nouvelle religion : il n’y a plus de Dieu qui produit les phénomènes naturels. Mais comme la plupart des gens sentent bien que ça les dépasse, ils voudraient quand même, comme toujours, trouver un responsable. Les compagnies d’assurance sont une sorte de nouvelle église : « nous vous garantissons des vacances réussies », un peu comme on peut promettre le paradis à ses fidèles. Bref, malgré les progrès des sciences et des techniques, les mentalités n’ont pas changé.